UN PETIT TOUR CHEZ FRANCOIS

UN PETIT TOUR CHEZ FRANCOIS

L'église de Lusignan

UNE EGLISE ROMANE

Une famille au destin exceptionnel
      Les seigneurs de Lusignan apparaissent au 10ème siècle. Ils font construire un puissant château, sur une hauteur, au confluent des routes médiévales de Poitiers à Saintes et à Niort. Leur rôle dans le comté de Poitou est de premier plan. En 1199, ils deviennent comtes de la Marche, et en 1220 comtes d'Angoulême par le mariage d'Hugues X avec Isabelle d'Angoulême, veuve du roi d'Angleterre Jean sans Terre. Leur lignée s'éteindra au début du 14ème siècle et Lusignan sera réuni à la couronne.
      Au 12ème siècle, Gui et Amauri de Lusignan ont été rois de Jérusalem et ont fondé le royaume de Chypre. Des Lusignan occuperont aussi le trône de la Petite Arménie jusqu'à sa chute en 1375
.

A l'origine, une église seigneuriale, monastique et paroissiale
      En 1025, Hugues IV fonde une église en l'honneur de Notre-Dame. A la demande du comte de Poitou Guillaume le Grand, le roi de France Robert le Pieux permet à cette église de recevoir des donations qui ne seront sujettes à aucun seigneur. Le pape, à la requête d'Hugues IV, appuyé par l'évêque de Poitiers, place l'église sous sa protection.
      De la première église, achevée au début du 12ème siècle, il reste les murs de la nef et le bras nord du transept. Elle a donc, dès l'origine, les dimensions imposantes que nous lui connaissons aujourd'hui, qui ne se comprennent qu'en lien avec l'importante famille seigneuriale qui l'a fondée.

      Hugues IV a confié l'église à l'
abbaye de Nouaillé, et de ce fait, dans les premiers textes, l'église sera dite de Notre-Dame et de Saint Junien. Junien, ermite de Mairé-l'Evescault (Deux-Sèvres), contemporain de sainte Radegonde (6ème siècle), était devenu patron de Nouaillé qui conservait son corps.
      La présence d'un prieuré explique aussi l'importance de l'église. Pendant des siècles, des moines bénédictins y ont célébré la prière des heures chaque nuit et tout au long de la journée. Le prieuré se trouvait au nord de l'église (actuel presbytère).

      Les moines accédaient à l'église par une belle porte, du début du 12ème siècle, en face du prieuré. Son archivolte se compose d'une série de voussures de 23 claveaux, avec chacun un motif, de gauche à droite : oiseau, quadrupède cornu, dragon, quadrupède, éléphant, quadrupèdes (4), homme à cloche-pied, personnage debout, tête humaine à longue barbe, entrelacs, poisson, reptile, quadrupède, personnage debout avec un bâton, cheval ?, sanglier ?, personnage nu assis ou accroupi, quadrupèdes (3 dont un dromadaire ?).


      Le patronage marial, voulu par le fondateur pour cette église qui est aussi paroissiale, est celui de l'Assomption (15 août).
      Dès le Moyen-Âge, un large consensus s'est fait dans l'Eglise pour admettre que Marie, à sa mort, a été accueillie par son Fils avec son corps même, ce qui sera proclamé sous forme de dogme par le pape Pie XII en 1950. La verrière centrale du chœur, de l'atelier d'Eugène Denis à Nantes (entre 1864 et 1893) est consacrée à l'Assomption, de même que deux tableaux le long des murs nord et sud de la nef.

      Si les patronages multiples sont fréquents aux origines, de façon générale, l'usage ne retiendra qu'un patronage. A Lusignan, ce sera, très tôt, celui de Marie, le plus important hiérarchiquement
.

Mise au goût du jour à l'époque gothique
      L'église a été largement reconstruite dans la seconde moitié du 12ème siècle, peut-être à la suite du conflit qui opposa le roi Henri II Plantagenêt au seigneur de Lusignan et qui aboutit, en 1168, à de graves dommages au château - et également à l'église ? Au 12ème siècle, il y eut aussi des reprises de construction pour adapter les églises au nouveau style "gothique". Ce pourrait être plutôt la raison de l'implantation de 16 piliers pour porter les voûtes gothiques. De cette époque datent aussi le carré du transept qui porte un élégant clocher carré, le bras droit du transept, avec une absidiole plus profonde que celle du bras nord, le chœur en hémicycle sur une crypte à trois nefs de mêmes dimensions.

      C'est cette église que verra le roi saint Louis. lorsqu'il passera à Lusignan en 1242. C'est là que l'archevêque de Bordeaux Bertrand de Got apprit, en 1305, son élection au pontificat : il prendra le nom de Clément V.
      Après les malheurs de la guerre de Cent Ans (1337-1453) il fallut reprendre, de façon sévère, la façade occidentale et refaire les voûtes des cinq premières travées de la nef. Les armoiries de leurs clefs datent en effet de l'extrême fin du 15ème siècle.

L'église n'est plus que paroissiale
      Après la Révolution, l'église n'est plus que paroissiale. Le curé Joseph Fradin fait construire, à ses frais une vaste sacristie sur le flanc nord de l'église. Elle dissimula la belle porte romane de la première église qui donnait accès au prieuré. Elle ne sera dégagée qu'à la fin du 20ème siècle.

      Chœur et transept seront pourvus de vitraux des frères Guérithault de Poitiers, datés de 1863 et 1864. En 1898 fut acquise la grande statue de la Vierge à l'Enfant, placée au-dessus du maître-autel du 19ème siècle.
      A la suite du concile de Vatican II (1902-1965), un autel en bois, a été placé au carré du transept pour permettre au prêtre de célébrer la messe face à la communauté des fidèles
.

   Prendre le temps de découvrir et d'admirer
      II faut prendre le temps de découvrir ici et là le sens et les richesses de ce grand édifice.

      On admire ainsi :

      - au fond de la nef, les fonts baptismaux,
      - sur le mur nord de la nef, le grand Christ en croix,
      - dans l'absidiole du bras sud du transept, l'autel en bois du 18ème siècle, un tableau de saint Roch (?) avec un pèlerin de Saint-Jacques (17ème siècle).

         On pourra remonter les siècles avec la trentaine de dalles tumulaires (tombales) dispersées dans le pavement. Les vitraux du chœur et du transept rappellent les saints vénérés dans la paroisse au 19ème siècle et au début du 20ème siècle.

      Et pourquoi pas, finalement, prendre du temps pour se recueillir, en union avec les moines et les chrétiens des siècles passés qui prièrent en cette superbe "maison de Dieu
"...

 

 

 



06/05/2008
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